Les réseaux de pratique de la Traite des Personnes (TDP) ou Traite des Êtres Humains (TEH) disposent de plusieurs ramifications qui leur permettent de gigantesques revenus. Pour faire face à cette pratique illicite mais extrêmement giteuse, la Guinée, à travers le Comité national de Lutte contre la Traite des Personnes et Pratiques Assimilées (CNLTPPA) s’engage dans une lutte sans merci contre les trafiquants. C’est dans ce sens que le CNLTPPA a lancé une « formation des acteurs de la Chaîne pénale guinéenne sur les techniques d’enquêtes financières, le blanchiment de produit du crime en lien avec la Traite des Personnes », ce lundi 22 mai 2023, dans un réceptif hôtelier de la place. Il s’agit des OPJ (Officiers de Police judiciaire) et APJ (Agents de Police judiciaire) chargés des investigations financières, des Procureurs et magistrats référents de plusieurs juridiction du pays, des responsables de l’Office de Répression des Délits économiques et Financiers (ORDEF) ainsi que ceux de la Cellule nationale de traitement des Informations financières (CENTIF).
Présent au lancement de la formation, le président du CNLTPPA, présente le contexte de la formation en ces termes : « C’est une activité qui s’inscrit dans le cadre de la mise en œuvre d’une initiative que nous avons soumise en 2021 à ICMP qui est une institution d’accompagnement en matière de politiques migratoires et de Traite des Personnes. (…) Donc nous avons voulu que ces acteurs se retrouvent autour des magistrats de parquet, surtout [ceux] qui coordonnent les activités en matière d’enquêtes sur la Traite des Personnes, partager leurs expériences, afin que la lutte contre la Traite des Personnes soit effective dans notre pays », a indiqué Aboubacar Sidiki CAMARA, ajoutant qui ajoute : « l’une des actions majeures [l’un des objectifs majeurs] de cette formation, c’est de renforcer les capacités des acteurs de la chaîne pénale pour leur implication effective dans les enquêtes financières, de crime de Traite des êtres humains ».
La tenue de cette formation est aussi une réponse aux différents rapports du Département d’État américain, selon Monsieur Aboubacar Sidiki CAMARA. « Vous savez que le dernier rapport du département d’État américain avait recommandé à la Guinée de mettre l’accent sur les enquêtes et la répression contre les auteurs d’actes de Traite des Personnes. C’est ce que nous sommes en train de faire [en renforçant les capacités opérationnelles des acteurs de la chaîne pénale… », dit-il, estimant que cela va améliorer le classement de la Guinée auprès du département d’État américain en matière de lutte contre la TEH « parce que » le pays « n’est certes pas dans une situation critique » dans ce classement « mais il pourrait » y être s’il n’engage pas « une véritable lutte contre » cette pratique.
Abdourahamane Kadiatou DIALLO, Analyste à la CENTIF (ndlr : Cellule nationale de Traitement des Informations financières) salue l’initiative. Il estime que cette formation vient à point nommé dans la mesure où les infractions de blanchiment de capitaux issus de la migration et la TEH sont quasi fréquentes en Guinée. « Quand vous voyez ce qui se passe au Maroc, en Tunisie et même aux États-Unis [d’Amérique], c’est vraiment regrettable [contre les personnes de peau noire surtout]. Quand vous prenez quelqu’un, par exemple un migrant qui a sa famille en Guinée, qu’est-ce qu’ils [les trafiquants] vont faire ? Ils vont demander des rançons, dire que si la rançon-là n’est pas payée, la personne-là ne sera pas libérées. [La famille est obligée d’envoyer [de] l’argent à ces gens – donc quand on est outillés par rapport à ça, ça permet de lutter contre ce fléau surtout dans le côté financement du terrorisme ».
Selon le président du CNLTPPA, c’est « la deuxième session de formation » qui se déroule actuellement dans le cadre du renforcement des capacités des acteurs de la Chaîne pénale. « La première s’est tenue avec quasiment les mêmes structures… au mois passé », a-t-il précisé. Cette deuxième session courent jusqu’au vendredi 26 mai prochain.
Notons que la République de Guinée est dans la catégorie 2 du classement des pays auprès du Département d’État américain en matière de lutte contre la Traite des Personnes. Ce niveau 2 signifie un carton jaune pour ne pas descendre dans le niveau 3 qui est synonyme de perte de toute aide et de quelle que nature de la part des États-Unis d’Amérique.
Saa JOSEPH KADOUNO