Le Syndicat des Professionnels de la Presse de Guinée (SPPG) a présenté ses propositions aux Conseillers nationaux ce lundi 29 mai 2023. C’est dans le cadre du Débat d’Orientation Constitutionnel qui se poursuit au Conseil national de la Transition (CNT).
D’entrée, le Secrétaire général du SPPG s’est présenté en économe de mots en voulant présenter juste les propositions d’ordre constitutionnel. Les lois organiques vont être une occasion pour faire d’autres propositions en faveur de la presse guinéenne.
« Les Atteintes graves à la libertéde la presse » figurent au premier plan des propositions présentées par le Secrétaire général du SPPG.
« Nous voudrions que ces atteintes soient classés dans la catégorie des fautes lourdes pour lesquelles on pourrait révoquer de ses fonctions un membre du Gouvernement ou tout autre haut commis de l’État. Et puis on le met à la disposition de la justice », déclare Sékou Jamal PENDESSA.
Étant donné que la presse constitue le 4ème pouvoir et de ce fait conteibue d’une manière à contrôler les actions des pouvoirs publics, il estime que le « président de la République » doit « faire deux conférences de presse dans l’année aux mois de janvier et juin pour permettre « à la presse de comprendre beaucoup d’aspects » découlant de la traditionnelle « annonce à la nation » du « Chef de l’État » qui intervient « le 31 décembre de chaque année ».
La seconde conférence (en juin) vise à faire « le bilan à mi-parcours » du président de la République. « Pour les ministres ou les membres du gouvernement, cette conférence [cet exercice] doit être trimestrielle », ajoute-t-il.
Pour renforcer « l’indépendance de la Haute Autorité de la Communication » (HAC), le SPPG propose que le président de cette institution soit élu par ses pairs commissaires comme auparavant et qu’il y est qu’un seul représentant de la présidence de la République et non trois comme c’est le cas en ce moment. Le Syndicat des Reporters propose aussi de prévoir une place pour les syndicats et autres structures « représentatives » de la presse au sein de la HAC « pour que la majorité » des professionnels de médias « se reconnaissent en cette institution ».
L’autre proposition du SPPG consiste à supprimer « la tutelle de la presse » en ne prévoyant pas un ministère de l’Information et de la Communication. Cela devrait garantir une presse libre, selon l’esprit du syndicat. « C’est le cas dans bon nombre de pays, et je pense que la Guinée aura marqué très fort en termes de la liberté de la presse et l’indépendance des médias », soutient Sékou Jamal PENDESSA qui suggère aussi que les responsables (directeurs) des médias publics soient élus par leurs pairs. « Là aussi, c’est une autre garantie d’indépendance, si fait que le Directeur n’a pas à réfléchir trop sur le décret qui devrait tomber à tout moment. Cette proposition vise à garantir l’indépendance des dirigeants de nos médias publics auxquels tous les Guinéens doivent se reconnaître [en eux]… Le Directeur [général], à son tour, devra nommer les rédacteurs en chef après avis du personnel de la ligne éditoriale ».
La faîtière des Reporters de la presse privée souhaite également que les meilleurs conditions de vie et de traitement des journalistes soient un pré-requis pour qu’un organe de presse bénéficie de la subvention de l’État. Ces pré-requis sont : les salaires décents, les meilleures conditions de travail, l’immatriculation à la Caisse nationale de Sécurité sociale (CNSS).
Le SPPG a aussi puisé dans la gibécière du Réseau des Journalistes parlementaires de Guinée (RJPG). La première proposition de cette structure concerne la constitutionnalisation du journalisme d’investigation a l’instar du Ghana. « Le Réseau [des Journalistes parlementaires de Guinée] propose à ce qu’il y ait des journalistes d’investigation et que cela soit institutionnalisé, qu’il y ait des accompagnements en termes de formation et de financement pour qu’ils puissent questionner la gestion des acteurs publics ».
Comme autre proposition faite par le RJPG, l’organisation d’élections générales qui devraient permettre « aux médias de se concentrer sur les questions de développement puisque quand il y a élection, ce sont des sujets qui passionnent les médias » et « cela éviterait beaucoup de dépenses » à l’État.
En ce qui concerne le calendrier de ces élections générales, voici ce que proposent les journalistes parlementaires. « Elles peuvent se tenir par exemple le premier dimanche de chaque année électorale ».
Dans les propositions du RJPG présentées par Sékou Jamal PENDESSA, on note aussi « la suppression des régions administratives au profit des régions naturelles avec l’élection d’un gouverneur par les collectivités », l’impossibilité aux détenteurs de la double nationalité d’accéder « à des postes électifs et à des fonctions stratégiques » comme l’armée et la sécurité.
Saa Joseph KADOUNO