Conakry le 19 Mai 2023:C’est un mauvais temps que traverse les aviculteurs guinéens. Depuis le 18 avril 2022, la grippe aviaire a impacté leur secteur. Pour circonscrire la maladie, le ministre de l’Agriculture et de l’élevage a ordonné l’abattage des volailles des fermes concernées. Cet abattage dans au moins 200 000 fermes devrait être suivi d’un dédommagement. À date, ce dédommagement n’est pas encore effectif, selon un des aviculteurs.
« Nous [les aviculteurs] avons l’obligation d’informer le département de tutelle afin que la population ne soit infectée par la maladie. Chose que nous avons faite. Le même texte prévoyait une indemnisation après le passage de la maladie sauf que nous avons eu à échanger avec le département, nous avons organisé même des sit-in devant le ministère de tutelle le 10 octobre – nous avons encore organisé un deuxième sit-in le 03 novembre [2022] devant la présidence », raconte Louncény MAGASSOUBA dans une émission radio, ce jeudi 18 avril 2023.
À la suite du dernier sit-in dont parle Louncény, le ministre de l’agriculture et de l’élevage a invité les aviculteurs impactés par la grippe aviaire de constituer des dossiers afin de contracter les prêts à un taux d’intérêt de zéro pourcent. Mais ce n’était qu’un effet d’annonce. « Le ministère nous a demandé d’aller prendre les documents partout au niveau de l’administration – on a encore dépensé énormément d’argent [dans la constitution de ces documents] dans l’optique d’avoir des prêts parce que le ministre nous avait garanti [donné la garantie] que nous pouvons avoir les prêts à taux zéro. Le 16 décembre 2022, on s’est concertés (nous les aviculteurs), nous avons monté tous les dossiers pour les prêts, on a déposé – on a été reçus par le département en présence de la Secrétaire générale qui avait d’ailleurs coordonné la réunion ce jour [-là] – jusque-là, rien n’est encore fait », déplore-il.
La situation a demeuré jusqu’à l’oré du mois de ramadan 2023, mois de grande consommation dans notre pays. À ce moment précis, les œufs se font rares sur le marché. « Ça crié partout qu’il y a eu une augmentation du prix des alvéoles dans le marché », complète le jeune entrepreneur.
En réponse, l’ensemble des aviculteurs ont été conviés par le premier ministre pour trouver solution à la crise d’alevéoles. Lui-même [le Premier ministre] se serait engagé à venir en aide aux aviculteurs après avoir écouté leurs plaintes, indique Louncény MAGASSOUBA. « Nous avons dit au premier ministre que si aujourd’hui, il y a manque d’alevéoles sur le marché notamment dans le grand Conakry, c’est parce que tout simplement, il y a plus de 500 000 poules [pondeuses] qui ont été abattues soit une capacité de production de 15 000 alvéoles par jour – il faut immédiatement les remplacer pour permettre à la population d’avoir accès aux œufs à un coût très bas. Le premier ministre aussi a prix l’engagement que dans les jours à venir il y aura une commission en place pour permettre de relancer le secteur ».
L’aide du premier ministre n’est pas venue, celle du ministre de l’élevage non plus. Cette fois-ci, les aviculteurs se sont dirigés vers la Directrice nationale de la production animale pour lui « poser deux bonnes questions » : les aviculteurs seront-ils dédommagés comme promis par le ministre de l’élevage et le premier ministre ? Quand le dédommagement va intervenir ?
Voici la réponse que cette dernière aurait donnée : « La dame a répondu que non, je ne peux pas vous dire à quand vous allez recevoir mais il y a quelque chose quand-même qui est prévue pour vous, nous sommes en train de traiter les dossiers », dit-il.
Mais pourquoi ça prend aussi de temps ?, lui demande une chroniqueuse de l’émission. « C’est là notre inquiétude », a-t-il répondu en lançant de nouveau un appel au premier ministre et au ministre de l’élevage.
« Nous demandons au département de nous venir en aide pour relancer notre secteur. Comme ils ont pris l’engagement que nous pouvons aller prendre [contracter] des prêts pour relancer notre secteur, donc nous sommes dans cette logique surtout que c’est [ce n’est] pas une aide en tant que telle, c’est un prêt – lorsque le secteur est relancé, c’est toute la population qui en bénéficie ».
Cet appel devrait être une peine perdue car dans la même émission, un autre chroniqueur a fait lecture du message que lui aurait donné le ministre de l’élevage, Mamadou Nagnalen BARRY. Le message, selon ce chroniqueur, dit « qu’ils [les aviculteurs] sont encouragés à trouver d’autres solutions car l’investissement privé va avec ses risques. Il rapporte aussi des bénéfices si ça se passe bien. Par ailleurs, l’État, en fonction de ses moyens, continuera à appuyer tous les autres secteurs ».
Saa Joseph KADOUNO