Conakry le 26 Avril 2023: Le ministre des affaires étrangères a fait face aux conseillers nationaux de la transition, ce mercredi 26 avril 2023. Durant près de 5 heures, il a répondu à une cinquantaine de questions orales et écrites. L’essentiel des débats a eu lieu autour de la situation des Guinéens « établis à l’étranger ». L’actualité oblige, Docteur Morissanda KOUYATÉ s’est d’abord voulu rassurant quand au sort de nos compatriotes vivant au Soudan, théâtre d’une farouche bataille entre la faction de l’armée au pouvoir et celle qui s’est rébellée il y a quelques jours maintenant. Sur les quelques 200 ressortissants guinéens vivant dans ce pays d’Afrique du Nord-est, 85 ont déjà été évacués par voie terrestre (dans « deux bus ») vers l’Égypte, selon le Chef de la diplomatie guinéenne. Il s’agirait de ceux-là qui ont exprimé ce besoin. « …, je suis heureux de vous annoncer que les deux bus ont quitté le Soudan avec [à leur bord], les 85 Guinéens qui ont demandé à être évacués du Soudan », a-t-il annoncé, mettant cela au compte du président de la transition et du premier ministre. « Chaque fois qu’on a évacué [des Guinéens], nous nous sommes rabattus sur les fonds de souveraineté du président [de la transition, Colonel Mamadi DOUMBOUYA] ».
S’appuyant sur le cas du Soudan et de la Tunisie où des Guinéens ont fait l’objet de rapatriement forcé en raison de violences racistes dont ils ont fait objet, il a sollicité des Conseillers du CNT, la prévision d' »un fonds d’urgence dans la prochaine loi de finances » pour prévenir des éventualités similaires.
Le problème d’obtention de Passeports est sans doute l’une des difficultés majeures auxquelles « les Guinéens établis à l’étranger » sont confrontés. La question lui a été posée. Pour justifier le retard dans l’obtention de ce précieux sésame, le numéro un de la diplomatie guinéenne a argumenté en mettant en avant les facteurs liés à la similitude au niveau des dates de naissance pour plusieurs demandes différentes. La plupart des demandeurs mettraient le 1er janvier comme date de naissance. « Quand vous prenez les passeports Guinéens, près de 50% [des détenteurs] sont nés le 1er janvier. Imaginez trois Guinéens dans la file d’attente dans un aéroport [tous nés le 1er janvier] ! Déjà ça décrédibilise nos passeports », a-t-il argumenté.
L’autre facteur qui retarderait la délivrance de passeports est la falsification de la date de naissance. Selon lui, certains compatriotes ayant effectué plusieurs demandes de passeports à différents endroits changent souvent cette donnée. « C’est là-où les machines attrapent. La même personne qui est née deux fois ! Ça ne marche pas ! Donc quand la sécurité découvre ça, elle bloque. C’est ce qu’on appelle l’écrasement », dit-il. Au moins 2 500 Guinéens notamment ceux « établis à l’étranger » se trouveraient dans cette situation, selon M. KOUYATÉ.
Ces éléments de réponse ont subitement suscité des répliques de la part des conseillers nationaux à l’image du président de la Commission des affaires étrangères. Ce dernier a fait savoir qu’il y a des « Guinéens établis à l’étranger » dont les documents sont tous valables mais qui peinent à obtenir leurs passeports dans les délais requis.
D’autres conseillers ont évoqué le fait que la biométrie a fait que le même type de passeport guinéen à différents coûts sur les plateformes en ligne. Le ministre des affaires étrangères a coupé court en disant qu’il s’agit de plateformes fictives vis-à-vis desquelles il faille être très vigilant et prendre des mesures drastiques. Il a néanmoins concédé le fait que le même type de passeport ait des prix différents dans différents pays. Il a promis d’y remédier en essayant d’harmoniser les prix des passeports guinéens dans n’importe quelle zone géographique de la planète terre. Il a fait la même promesse pour le délai de délivrance de passeports. Il souhaite tabler sur un mois.
Réagissant à ce propos, le président du CNT a suggéré que le réajustement des prix et du délai aille de pair avec celui de la procédure pour éviter les tracasseries de la part d’agents des services concernés.
Pour mieux soulager les « Guinéens établis à l’étranger », le conseiller national, Éric THIAM, ancien Ambassadeur de son état, a recommandé de faire en sorte que la logistique complète puisse être installée dans les différentes représentations diplomatiques pour éviter à nos compatriotes vivant à l’étranger de venir jusqu’à Conakry pour finaliser le processus d’obtention du passeport.
Le ministre des affaires étrangères a annoncé le très attendu Haut Conseil des Guinéens de l’étranger va être mis en place courant mai 2023, après la résolution des contraintes temps liées à la diversité géographique. « Si vous êtes aux États-Unis, vous n’avez pas les mêmes programmes que si vous êtes [celui qui est] en France ou en Afrique du Sud », a expliqué le diplomate guinéen. La mise en place de cette Institution devrait avoir lieu en mars dernier mais les raisons susmentionnés ont empêché sa mise en place, selon Docteur Morissanda KOUYATÉ. Sa mise en place devrait cadenasser le système de protection des Guinéens vivant dans des pays autres que le notre.
Saa Joseph KADOUNO