Conakry le 03 avril 2023, a lieu la célébration de la journée internationale de la liberté de la presse. « Façonner un avenir de droit : la liberté d’expression comme moteur de tous les autres droits de l’Homme », tel est le thème retenu à l’international. En Guinée, des journalistes profitent de cette journée pour déplorer les difficultés auxquelles ils sont confrontés dans l’exercice de la profession.
« La célébration du 03 mai pour moi, devrait être celle d’une réflexion autour des panels couronnés d’échanges houleux entre professionnels du monde médiatique, association de presse, syndicat et patron de presse, sous la houlette de la Haute Autorité de la Communication. Ceci pourrait aider à exposer les multiples problèmes auxquels les journalistes font face », réagit Saa Robert KOUNDOUNO, journaliste reporter d’un site d’information de la place.
Parmi les problèmes dont parle le jeune reporter, figure en bonne place le mauvais traitement. À peine on peut le croire, mais il est avéré que des journalistes guinéens sont encore payés en deçà du Salaire Minimum Interprofessionnel Garanti, SMIG (550 000 fg) comme le témoigne (sous anonymat) un jeune reporter d’une station radio de la place. « Chez nous, il y a des journalistes qui perçoivent 150 000 fg à la fin du mois. La stratégie des responsables est de mettre la majorité sur le statut de stagiaire. Mais même le stage est primé mais pas à 150 000 fg pour qui connaît les réalités de la vie à Conakry ».
L’absence de contrat est l’autre problème que dénonce cet autre journaliste (Mohamed Slem CAMARA) d’une station radio de Kankan. « Imaginez un patron de radio [média] qui essaie de recruter [recrute] des journalistes, très malheureusement, il n’y a aucun contrat qui les lie. Je l’ai dit dans ma tribune une fois. À Kankan Aujourd’hui, un étudiant qui fait la 3ème année université qu’un journaliste parce que l’étudiant, aujourd’hui, qui fait la 3ème année, perçoit 300 000 chaque fin de mois. Et à Kankan, rare sont les journalistes qui perçoivent cela… Certains n’ont même pas de primes. Au-delà de tout ça, les conditions dans lesquelles les hommes de médias travaillent sont les conditions piteuses, misérables entre guillemets. Dans les radio de l’intérieur du pays, tu n’as même pas l’impression d’être dans un local de média. Non seulement la propriété n’y est pas, mais aussi les matériels qui sont là sont caducs, archaïques. Disons que les conditions ne sont pas réunies », relate-t-il.
Pour Saa Robert KOUNDOUNO, « cela fait qu’aujourd’hui, le journalisme alimentaire prend le dessus sur le terrain, au dépend du professionnalisme, ce qui est bien dommage pour un professionnel averti ». Un état de fait qu’il ne condamne pas. « Loin de donner raisons à ces « journalistes alimentaires », mais comment voulez-vous qu’un reporter qui ne reçoit pas de sa rédaction le transport pour se rendre sur le terrain, ni frais de connexion ne puisse se livrer à ces comportements, alors que ce qu’il perçoit ne fait même pas le SMIG actuel ? », s’interroge-t-il, souhaitant « vivement la concrétisation de la convention collective afin de nettoyer ce métier aussi noble, qui malheureusement devient de plus dévalorisant ».
Justement au sujet de cette convention collective qui fait débat depuis plusieurs années maintenant, nous avons voulu connaître où en est-on avec le processus de sa mise en place. Sollicité sur la question, le secrétaire général du Syndicat des Professionnels de la Presse de Guinée (SPPG) impliqué dans ce processus, a dit être à une cérémonie de célébration de la journée de la presse et ne peut donc se prêter à notre question.
L’indépendance est l’un des principes fondamentaux de la déontologie du journalisme. Avec une rémunération misérable, le respect de ce principe ne saurait être respecté.
À suivre !
Saa Joseph KADOUNO